Le journaliste de Radio Télé Métropole, Eddy Jazil, a livré, ce mardi, un témoignage déchirant de la réalité imposée par des groupes armés qui opèrent sur ce tronçon à hauteur de Canaan.
À la station Piste de l’Aviation, avant le départ du minibus desservant le circuit Port-au-Prince/Saint-Marc, le chauffeur du véhicule fait injonction à tous les passagers d’éteindre leur téléphone portable et tout autre gadget électronique afin d’éviter toute situation embarrassante sur la route avec les bandits, raconte Eddy Jazil qui intervenait dans le journal « le Point ».
Au point de péage, non loin de la Prison civile des femmes, établi par les bandits, le chauffeur immobilise le minibus et remet 3500 gourdes à des malfrats pour autoriser le passage. Cet exercice est devenu depuis près d’un an un acte quotidien et les transporteurs qui évitent le supplice du trajet long et ennuyeux à partir du Morne-à-Cabri, souscrivent à la démarche en payant l’aller-retour. Le comble dans l’histoire, les civiles armés opèrent sous les yeux passifs des forces de l’ordre. Selon le journaliste, à quelques mètres du dispositif des gangs, un véhicule blindé de la PNH monte la garde devant le centre carcéral.
Sur la route nationale numéro, le tableau interpelle. Des individus armés s’attroupent tout au long de la route, s’échangent, fument de la marijuana et côtoient les policiers. À Sources-Matelas, le journaliste rapporte avoir observé une bande armée qui assure une garde vigilante non loin d’un marché public. Dans cet espace, détaillants et acheteurs s’adaptent à la réalité des hors-la-loi qui défilent lourdement armés, souligne-t-il. Le parcours de combattant se poursuit jusqu’à l’Arcachaie, confie Eddy Jazil. Dans cette commune, des groupes d’autodéfense scrutent les véhicules qui traversent le Cité du Drapeau, obligent les passagers à rendre leurs effets afin d’intercepter toute éventuelle cargaison d’armes et munitions à destination d’autres fractions criminelles du pays.