Le secteur privé des affaires appelle à un accord politique et annonce une alliance sans précédent pour le changement.
Suites aux sanctions canadiennes contre trois membres influents de l’élite économique haïtienne à savoir Gilbert Bigio, Reynol Deeb et Sherif Abdallah, accusés de blanchiment d’argent, corruption et financement des gangs criminels, le secteur privé haïtien a publié une note, jeudi 8 décembre, dans laquelle les signataires s’engagent à lancer un programme de réformes des pratiques commerciales internes pour promouvoir la transparence, la concurrence loyale et le strict respect des normes éthiques et juridiques. Dans cette note, le secteur privé annonce mettre fin aux divisions et lancer une alliance sans précédent pour le changement.
« Nous nous engageons à lancer un programme immédiat et intensif de réformes des pratiques commerciales internes pour promouvoir la transparence, la concurrence loyale et le strict respect des normes éthiques et juridiques qui doivent guider toutes les activités économiques dans une Haïti démocratique, paisible et stable », a fait savoir le secteur privé des affaires dans cette note dont la rédaction a eu copie. Les signataires se déclarent « profondément préoccupés par la persistance de la crise multidimensionnelle qui ne cesse d’endeuiller les familles, d’asphyxier l’économie nationale et d’appauvrir la grande majorité des concitoyens ».
En ce sens, les signataires, dont Edouard Baussan du Regroupement Patronal Haïtien (RPH), Fritz Mevs de l’Association des Ports d’Haïti (APH), Wilhelm Lenke de l’Association des Industries d’Haïti (ADIH) et Michelle Mourra de la Chambre de Commerce et d’Industrie Haïtiano-Canadienne (CCIHC), ont promis de développer un code de conduite public-privé pour assurer la transparence des pratiques concurrentielles, la collecte et l’utilisation rationnelle et transparente des fonds publics, tout en exigeant l’application stricte de la loi pour lutter contre la corruption et l’impunité.
Pour un accord politique
Au-delà des mesures annoncées, les hommes d’affaires, très critiqués dans l’opinion publique, ont aussi plaidé en faveur d’un accord politique afin de résoudre la crise tout en appelant les acteurs politiques à un dépassement de soi. « Nous lançons un appel urgent aux acteurs de notre pays pour qu’ils résolvent leurs différends sans délai et signent un accord politique établissant un gouvernement d’unité nationale qui s’efforce d’inclure le plus grand nombre possible d’acteurs avec une feuille de route claire menant à la tenue d’élections honnêtes, transparentes et équitables dans un délai raisonnable » ont indiqué les soussignés qui affirment avoir pris « l’engagement solennel » de soutenir cet accord politique et d’accompagner la mise en œuvre des réformes établissant de nouvelles règles de conduite de la politique et des affaires en Haïti et des institutions qui seront créées pour atteindre l’objectif visé.
« La Nation ne peut plus attendre », estiment les signataires.
Les signataires qui ont dénoncé le phénomène de l’insécurité qui sévit à travers le pays ont tout de même salué le travail de la Police nationale d’Haïti (PNH) tout en demandant une aide à long terme pour renforcer sa capacité à fournir ce service national des plus essentiels. Toutefois, les entrepreneurs se disent attachés à la pleine indépendance de la République d’Haïti.
« En tant que représentants du secteur privé, nous nous engageons à faire notre part pour que ceci soit la dernière transition politique d’Haïti, et que ce recours à l’assistance sécuritaire extérieure soit le dernier de notre histoire, pour faire rupture avec le passé et marquer le début d’une ère nouvelle et plus radieuse », ont-ils conclu. « Nous nous félicitons de l’appel général lancé par le secteur privé haïtien en faveur d’un véritable changement des pratiques commerciales – promotion de la transparence, concurrence constructive et respect des normes éthiques et juridiques. Nous surveillerons de près le respect de ces mesures dans la pratique », a réagi l’assistant du secrétaire d’État aux Affaires de l’hémisphère occidental des États-Unis, Brian Nichols, dans un tweet.