Lors d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CARICOM tenu à Port-au-Prince, en 2018, l’ensemble des dirigeants présents avaient décidé d’éliminer le visa pour les ressortissants haïtiens qui désiraient voyager vers un État membre de la Communauté caribéenne.
Le Traité de Chaguaramas
Cette disposition avait été mise en application au regard du traité de Chaguaramas. Ce dernier, accord fondateur de la CARICOM, signé le 4 juillet 1973, prévoit entre autres, le renforcement de l’intégration économique régionale par le biais d’un marché unique caribéen; la circulation sans restriction des capitaux, des personnes qualifiées et de la technologie.
Mais la décision d’éliminer le visa d’entrée pour les Haïtiens dans l’espace CARICOM, n’a pas fait long feu. Les pays concernés ont dû revenir sur cette mesure, en 2019, devant le flux de migrants haïtiens qui se ruaient vers certains États, a indiqué l’ancien ambassadeur d’Haïti à la CARICOM, Peterson Benjamin Noël, lors d’une conversation téléphonique ce mardi 3 janvier avec la rédaction de Loop Haiti.
300 à 400 migrants en provenance d’Haïti par semaine
Il a souligné à titre d’exemple qu’un pays comme la Barbade recevait à cette époque entre 300 à 400 migrants en provenance d’Haïti par semaine.
Autre chose expliquant le non respect de cette disposition: certaines conditions doivent encore être respectées par l’Etat haïtien afin que ses ressortissants puissent bénéficier de cette prerogative de libre circulation. En 2018, Noël avait expliqué cette question au Nouvelliste.
« Nous n’avons rien fait à ce propos depuis qu’Haïti a intégré la CARICOM », regrettait-il, tout en précisant que non seulement les citoyens haïtiens ont du mal à circuler dans l’espace CARICOM, mais que les biens et services en provenance d’Haïti sont aussi concernés par ce blocage.
Parmi les dispositions qu’il disait nécessaires, il citait la nécessité pour le ministère des Affaires étrangères haïtien de pouvoir délivrer un certificat de compétence qui atteste de l’appartenance du ressortissant à telle ou telle catégorie de voyageur (sportif, journaliste, académique, ou autres) prévue dans le traité de Chaguaramas.
Avec ce document, les ressortissants haïtiens pourraient non seulement voyager dans l’espace sans problème, mais aussi, ils pourraient travailler dans n’importe quel pays de cet espace géographique et politique. L’ex-ambassadeur recommandait aussi la mise en place d’un système fiable afin de régulariser et homologuer les diplômes.
C’est pourquoi aujourd’hui, seul le Bélize autorise l’entrée sans visa des Haïtiens sur son territoire. Malgré les manquements cités plus tôt, ce pays tient notamment à respecter l’article 7 du traité de Chaguaramas interdisant toute discrimination sous forme de race ou couleur envers des citoyens dont son pays est un État membre de la CARICOM. À date, les ressortissants haïtiens peuvent donc de rendre en ce pays de l’Amérique de latine sans visa, a rappelé le consulat du Bélize en Haïti à la fin de l’année 2022.
Je veux entre Belize