Depuis quelques jours, la rumeur enfle. Des importateurs de produits pétroliers opérant en Haïti réclament le paiement en dollar américain des cargaisons pour les particuliers puis pour les stations-service.
L’explication avancée dans les coulisses
Car rien n’est encore officiellement dit sur la question – est que les grossistes du pétrole amassent des montants considérables en gourdes et qu’il leur est impossible de trouver la contrepartie en dollar pour pouvoir placer de nouvelles commandes. Et les gourdes gardées en caisse perdent de la valeur d’heure en heure.
Jusqu’à présent, ces gros opérateurs jonglaient avec le taux de change de la devise américaine. La Banque centrale mettait des montants en dollars à leur disposition à un taux préférentiel et le ministère de l’Economie et des Finances compensaient certaines pertes. Rien de tout cela ne marche plus, à la satisfaction des importateurs, disent plusieurs sources interrogées par Le Nouvelliste.
La solution qui fait son chemin est de sortir de la grille des prix fixée par l’Etat haïtien et de vendre les produits pétroliers comme les autres marchandises importées : en dollar ou au taux du jour.
Cette pratique marquerait un tournant important dans la fixation du prix des produits pétroliers à la pompe et même sur le marché noir.
On s’acheminerait vers une libéralisation totale du marché pétrolier. Vers un choc des prix sans précédent.
Ceux qui sont favorables à cette option ne disent pas comment ni en quelle devise l’Etat va percevoir ses taxes sur des produits de grands volumes avec des prix fluctuant au jour le jour ou d’heure en heure.
Ceux qui sont totalement opposés à cette pratique expliquent que la population va être grugée par les marchands de gaz et autres essences.
Au moment d’écrire ces lignes, la rumeur continue d’enfler, la pratique s’installe, les autorités n’ont pas encore exprimé leur position.
Il faut dire que l’insécurité et l’impossibilité de circuler en confiance sur les routes haïtiennes ont déjà causé la hausse des prix des produits pétroliers sur le marché réel. La rareté du dollar est aussi alimentée par l’insécurité qui plombe toutes les activités économiques du pays. Pendant que le gouvernement ménage son égo et ne crie pas à l’aide ni assez fort ni assez souvent, la situation concrète en Haïti se détériore et le pire approche à grands pas.